11 janv. 2013

LE ROI DES RATS, de China Miéville

Premier roman de China Miéville, Le Roi des rats nous plonge dans une urban-fantasy londonienne plutôt sombre et qui tend vers l'horreur. Le tout soupoudré de musique drum'n'bass.

Ed. Fleuve Noir - 2006 (Vo : 1998) - 293 p.

L'intrigue

Résumé de l'éditeur :
Londres, années 90. Un soir, alors qu'il rentre chez lui, Saul Garamond découvre le cadavre de son père. Accusé par la police, il est bientôt emprisonné. Surgi de nulle part, un personnage étrange se présente alors comme le Roi des Rats... et l'oncle de Saul ; un neveu qu'il libère et entraîne à travers les égouts de Londres, au plus profond de son royaume. Peu à peu, il révèle à Saul ses origines animales et l'héritage qui est le sien. Commence alors la métamorphose, mais le temps presse : un tueur fou est sur les traces du Roi des Rats et de son nouveau protégé, un joueur de flûte prodige qui a déjà envoûté les amis musiciens de Saul. Jusqu'à ce que mort s'ensuive...
L'intrigue se déroule de manière assez classique, comme le laisse entrevoir le résumé.

Tout d'abord, il y a une longue phase de découverte. Découverte de la nature de Saul, de l'éveil de ses "pouvoirs", et avec cela, découverte du monde, de l'envers de la ville. L'exploration de cet envers du décors, ce Londres dans le Londres, un Londres fait d'égouts et de d'obstacles transformés en chemins. Ce renversement de la ville donne une atmosphère à la fois étouffante et libératrice. Londres a une place très importante dans le livre, les descriptions nous la font voir et vivre, et elle acquière une présence plus dense qu'un simple décors. Il est intéressant (et justifié ?) de voir ici les prémisses de l'attrait de l'auteur pour les villes, qu'il développera dans ses romans futurs : Nouvelle-Crobuzon dans Perdido Street Station ou Armada dans Les Scarifiés. Ou bien même Beszel et Ul Qoma dans The City & The City, avec la thématique de l'envers du décors urbain.

Dans un second temps, l'intrigue prend réellement son envol, le personnage agit au lieu de simplement réagir/subir, et l'on est dirigé très efficacement vers la conclusion.

Si cette construction peut sembler classique, elle fonctionne bien, c'est très fluide et agréable à lire. Et notamment grâce aux personnages.

Les personnages

On n'abandonne pas comme ça ses origines, tu comprends. Le sang est plus épais que l'eau et le sang de rat est le plus épais de tous.
Saul Garamond est le héros. Sa vie bascule irrémédiablement lorsque son père est assassiné et qu'il découvre, guidé par le Roi des Rats, sa véritable nature. Avec cet éveil, il débute une sorte de quête initiatique qui nous révèle certaines surprises, avec notamment un renversement que j'ai trouvé très bien amené et exploité.

Le Roi des Rats prend le rôle de mentor. Il est celui qui va révélé sa nature à Saul, et lui apprendre à être lui-même : un rat. Personnage très intéressant, brut, dur, dont il est difficile de parler sans spoiler, donc je m'arrête là.

Le Joueur de Flûte a lui une présence captivante, saisissante. Tout droit sorti du conte du Joueur de flûte de Hamelin, il fait un méchant particulièrement intéressant.

Anansi et Loplop sont respectivement le roi des araignées et le roi des oiseaux.
Ces deux personnages sont construits sur deux références culturelles bien différentes. Anansi est une divinité / créature folklorique d’Afrique de l’Ouest et des Caraïbes, tandis que Loplop est le nom d'un personnage à forme d'oiseau créé par l'artiste surréaliste Max Ernst (qu'admire beaucoup China Miéville, d'où, probablement, cet hommage).

Quant aux amis de Saul, de sa vie d'avant, apportent un semblant de normalité dans ce réci. Et surtout, on plonge par leur biais (surtout Natasha) dans la drum'n'bass. Les passages où China Miéville écrit la musique rendent vraiment très bien. En tout cas, ça m'a donné très envie de découvrir cette musique :)

Conclusion

Le reste, ce n'est que de l'entre-deux pour toi, maintenant. Toutes les grandes rues, les salons et le reste, ce n'est que du remplissage, de la paille, ce n'est pas la vraie ville.
Le Roi des rats comporte de nombreuses bonnes idées, et déjà l'écriture de China Miéville est efficace. L'ensemble n'a évidemment pas la profondeur de ses romans suivants, mais je me suis retrouvé facilement embarqué dans ce Londres fantastique. Il m'a beaucoup fait pensé à Neverwhere de Neil Gaiman, que ce soit pour la ville de Londres elle-même ou pour cette urban fantasy sombre avec un mélange intéressant de réalisme et de fantastique.

Une bonne lecture. Ne serait-ce que pour découvrir le premier roman de China Miéville.

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